dimanche 9 mars 2014

Liliane Frantz


L’enseignement de Liliane Frantz nous révèle ce que nous sommes.
Il aide à dévoiler, sans fioritures ni détours, les ombres de l’ego dans toutes leurs manifestations.
Les réponses données ici, débusquent, déconstruisent inlassablement les projections, les illusions conceptuelles du mental et les identifications.
Elles mettent en évidence la nécessité de dissoudre nos tendances égotiques afin de vivre la libération ici, maintenant, afin que se vive la non-dualité unitive.
L’auteur nous montre combien il est important de s'abandonner au regard intérieur où tous nos fonctionnements, conditionnements sont perçus et déracinés.
Dans cet enseignement, la Vigilance, l’Attention, est primordial : « L’attention, la vigilance sauve de tout et sauve tout. »
Abandonner ce qui n’est pas essentiel ; passer de la croyance (qui est une déviation mentale) à la confiance.
Après la dissolution de cette construction fictive, la conscience se perçoit, s’éprouve en tant qu’expérience d’être, unité, harmonie avec tout ce qui est.
Libérée du moi séparateur, la conscience d’Etre est lumière, sentiment de présence.

Liliane Frantz invite à la clarté intérieure, à l'élargissement de la conscience, à l'ouverture du Cœur.

Extrait de l'ouvrage publié avec l'aimable autorisation des Éditions Accarias L'Originel :
Q : Une spiritualité sans Dieu est-ce possible ?
Liliane Frantz : La spiritualité n'est qu'un concept.
La Foi sans croyance inclut Dieu.
Dieu est aussi un concept.
Foi est Foi.
La juste réponse à cette question ne s’adresse qu’à celui ou celle qui pose la question, parce qu’elle se pose en lui ou en elle. Tout ce qui suit n’est que le parfum de l’Enseignement qui, comme les graines jetées au vent, peuvent germer en chacun.
Si la question se pose, qui s’interroge si ce n’est celui qui, en le pouvoir-vouloir, croit exister, donc se pense existant, avec la spiritualité sans Dieu ou avec Dieu sans la spiritualité.
Vivre en soi la spiritualité ou vivre Dieu et croire en l’un ou en l’autre, révèle le manque donc le besoin, le vide appelle le plein.
De fait, il n’y a ni Spiritualité ni Dieu. Qui croire, que croire, pourquoi croire ?
Vous êtes Réalité où tout est inclus, infini. Disparaissez, permettez, oeuvrez à la dissipation des nuages, de l’ombre. Laissez-vous attirer, absorber en le vide qui n’est que le plein que vous croyez chercher. Ce vivant est Totalité d’où jaillit JE, animé de vie. Il est cet Instant en l’instant de vie, simple, relatif, éphémère, en mouvance et en cela, illusion.
Sans comment ni pourquoi, il n’y a rien qui ne soit pas.
En un simple espace de silence, laissez percevoir que la question vous guide vers l’Ultime Réponse. Le guide éclaire l’accompagnement jusqu’à la porte. La Grâce est là. Abandonnez-vous à Elle en la fusion. Alors, où est le guide qui fut la dernière identification ? Ne restez pas dans le questionnement mental. Laissez advenir la force de l’Abandon. . L’Abandon est sans condition et s’effectue en pleine connaissance. Tout se révèle alors.
Dieu ou Esprit ne sont que concepts. L’Enseignement n’est pas une intellectualisation. Le sérieux, l’authenticité profonde de la recherche se vit, sinon demeurent curiosités mentales qui parasitent la Voix, la Voie. La question émane de ce que vous avez cru être et croyez être.
La peur, le besoin dans la fabulation du manque d’Amour. Quand vous avez perdu la perle au fond de l’océan, ne plongez-vous pas jusqu’à la noyade pour la retrouver ? Alors, merveille, qu’aviez-vous perdu !
La Réalité rayonne. Ainsi sont brûlées les ombres, nuages de vos pensées creuses nourries d’affectivité qui ont créé votre monde, entre autres de spiritualité ou de Dieu. Ce monde de pensées imaginaires, erronées, distordues donc interprétatives n’est que sempiternelles réactions répétitives, compulsives, réactionnelles. La non-implication et la désaffectation absolues, sans les « mais », vous plongent dans l’abîme sans fond du silence mental et de l’affect. Sans Esprit, sans Dieu, tout est là, sans état, État Pur.
Utilisez ce mental comme un spéléologue à la recherche de …. qui vous êtes. Oeuvrez, seul, au déblaiement. La grotte lumineuse se révèle sans matérialité. L’Enseignement doit s’imprégner en l’étude, en l’écoute profonde. Il s’éclaire en fonction de la profondeur de l’appel et de la consécration à la pratique de la méditation et de l’investigation intérieure qui est le passage vers l’intégration de l’Enseignement dans le vécu.
Absentez-vous en tant qu’erreur d’être une personne, d’être quelqu’un, quelqu’un qui n’est qu’un pantin. Patience, persévérance, courage accompagnent la fin de l’expir pause. Là est la Présence qui laisse jaillir JE et le monde. Le corps n’est que le conduit en lequel et par lequel la Totalité exprime ce qui Est. Là, sans prise donc emprise, vit et non se vit ce qui Est, là, Tout. Laissez vivre. Le vécu vous dira s’il a encore à dire, et pourquoi pas, jusqu’au bout du bout, s’il existe encore un concept de spiritualité sans Dieu ou avec Dieu. Là est le sans « comment » ni « pourquoi ». Ne stagnez pas dans le savoir qui n’est qu’accumulation et renforcement de l’ignorance, boursouflure égotique. L’élan originel anime la réflexion profonde qui est Silence. La Réponse est l’évidente Vie-vie.
Si moi-Je beurre une tartine, l’attribut s’attribue de le faire. Désattribuez-vous, désappropriez-vous … c’est la Totalité qui agit. Sans savoir, sans connaissance, la tartine se beurre. Il n’y a que Connaissance née de l’inconnaissance.
Il n’y a pas de spiritualité, ni de Dieu. Il n’y en a jamais eu. Tout cela ne sont que des imageries projetées par le mental. Si le mental n’est en quête que de lui-même, il sombre dans l’enfermement de la souffrance ou de la folie raisonnable ou déraisonnable. Si en l’écoute, il demeure en l’acceptation, sans « mais », se crée alors un vide-espace qui est silence ouvert. De là sourd un espace de délivrance et la Compréhension se vit et se noie elle-même en le Silence.
En la fusion de la question-réponse, qui est là pour dire Spirituel ou Dieu !
Tout est fait sans vous et non par vous. Le mental n’émet que des notions qui brouillent et parasitent l’Essence du Sens.
Qu’est-ce-que l’espace ? Rien. Néanmoins, tout est inclus. Cela vous êtes, sans vouloir ni pouvoir. Laissez-vous inviter au voyage, aidé du pourfendeur, du nettoyeur, du déblayeur, du fossoyeur, de l’éclaireur. C’est par cette inadvertance, ce naufrage dans l’erreur qui vous agrippe, que l’ignorance vous inflige des liens dans des souffrances séparatives. Désintoxiquez-vous, désidentifiez-vous en le flot salvateur. La noyade est Éveil.
Ainsi en la grâce de la souffrance séparatrice des mots, et autres, hors des maux, le Mot exprime les mots en la relation.
Le silence en l’ininterrompue instantanéité vit la manifestation en un bref espace temps où les notions de séparation et de différence ont disparu. Les mots ne sont alors que le véhicule de l’expression. Le corps, les sens, alors sans identifications, ne sont que résonance, correspondance sans faille. Il s’agit de travailler à l’élimination de l’obstacle chargé de surimpositions qui éloignent de la Réalité.
Vous êtes ce qui pense sans penser. L’Esprit inclut Dieu. Dieu inclut l’Esprit. Laissez-vous appeler, inviter et participez à la découverte qui les annihile l’un ou l’autre ou l’un par rapport à l’autre.
La marginalité de la dualité est issue de l’inattention qui engendre l’ignorance. En surfant sur les faits de la vie vous survivez. Toutes ces formes pensées-désirs ne sont que des bulles sur la Réalité. Demeurez là sans implications, sans affectation. Tout est vous. Le monde et l’au-delà du monde est en vous.
Tout est Dieu, tout est Spirituel sans spiritualité, en le Réel. Vous êtes Cela qui révèle le Sans Nom. C’est Lui, rien que Lui qui attire, aspire jusqu’à l’absorption de l’extérieur en l’intérieur et de l’intérieur en l’extérieur.
L’Ultime Réalité est en deçà du concept de spiritualité et de Dieu. 







mercredi 5 février 2014

Darpan


L’éveil d’une autre chair dans sa propre chair

Après une quête intensive et un long parcours dans le domaine des thérapies et du développement personnel, Darpan découvre qu’il ne s’agit pas d’accéder à un bonheur par-dessus nos complications et nos accumulations douloureuses, mais bien d’exposer ces dernières et de les dissoudre pour permettre à notre plénitude de se déployer.

« La joie n’est joie que sur fond de souffrances, l’amour n’est amour que sur fond de peines ».

Le fait d’être m’a toujours intrigué. Très jeune déjà, cette conscience m’interpellait et j’éprouvais quelque frustration à ne pouvoir la cerner et encore moins à l’expliquer. Je me tenais devant l’évidence d’être comme on se tient devant son miroir. J’ETAIS ! Une réalité indéniable. Quelle étrange et mystérieuse affaire… Personne ne semblait s’y intéresser. J’observais les gens vaquer à leurs occupations comme si le fait d’être était pris pour acquis et ne méritait guère qu’on y prête attention, la question étant laissée aux philosophes et à la religion…

Lorsque je fus happé par les exigences intellectuelles de l’école, l’évidence d’être perdit sa fraicheur, reléguée à l’arrière-plan, cédant la place au mental et au développement d’une personne amenée à faire sa place dans le monde. Bien que recélant une énigme insondable, ma présence m’apparut de plus en plus « plate » et « fade » si bien que je me demandais souvent s’il n’y avait que « ça », peinant à faire sens de mon existence et à trouver une voie qui reflète un tant soit peu le mystère qui m’habitait.

« Être » ne suffisait pas à mon bonheur ; j’en voulais davantage ! J’aspirais à quelque chose de plus grand, de plus beau et de plus intense, pressentant que la réalité de l’être, occultée par le formidable aimant du monde et par quelques barrières invisibles, n’avait pas encore livrée tous ses secrets. À cette époque j’étudiais le chinois et le japonais à l’Université de Genève, avec le souhait de me rapprocher des philosophies orientales et du Taoïsme… En vain. Je me remplissais d’une connaissance desséchée qui m’encombrait plus qu’elle ne me libérait, alors que j’avais soif d’une réponse vivante !

Mon aspiration prit corps au contact du mystique Osho et trouva enfin un objet : l’Eveil ! Dès lors, ma vie s’organisa dans le sens de cette recherche et je me mis assidument à la poursuite de « l’illumination », explorant les extrêmes, pensant naïvement que je parviendrais à découvrir, sans savoir ni où ni comment, un trésor caché et à regagner un paradis perdu qui effacerait à tout jamais mes tourments.

Passionné par ce nouveau champ d’exploration, je cultivais en secret l’espoir de m’élever dans la dimension « divine » pour accéder à un bonheur suprême. Ma recherche satisfaisait à mes besoins en me nourrissant d’aventures, de rencontres, d’expériences insolites et palpitantes. Je partageais mon temps entre la nécessité de gagner ma vie, m’efforçant d’évoluer professionnellement, tout en répondant à un impératif intérieur qui me poussait en avant, toujours plus loin, dans la quête de réponses, d’expériences et de compréhension.

La spiritualité, telle que je me l’imaginais, se confondait alors avec la thérapie et le développement personnel, les frontières étant parfois floues. Je marchais à tâtons, soulevant chaque pierre, avide de nouvelles sensations et porté par l’espoir de pouvoir enfin gommer mes faiblesses et mes meurtrissures sans me douter que le moteur de ma quête puisait sa force dans le désir d’échapper à mes peurs et à mes peines…

La quête s’est progressivement essoufflée puis enlisée. Je n’allais nulle part. Rattrapé par mes ombres, je me tenais devant mes failles, mes manques et mes douleurs, dépouillé du verni des enthousiasmes que je m’étais plu à considérer comme des élans « divins »… J’avais lu et écouté les maîtres mais je ne les avais pas entendus, manipulant leur vérité à mes mensonges, détournant leurs enseignements au profit de la personne que je pensais être, m’efforçant de l’embellir et de la rendre plus « spirituelle ». L’échec était cuisant et je prenais de l’âge. Qu’avais-je fait de ma vie ?

Au bord de l’épuisement, désespéré et désillusionné, je commençais à me demander si l’Eveil existait vraiment ou si je ne m’étais pas laissé embarquer dans une monstrueuse arnaque « spirituelle » ! Après avoir investi tant de temps, d’argent et d’énergie à rechercher « l’illumination », l’idée d’avoir parcouru ce chemin en vain m’était insupportable. Puis, j’ai rencontré ma future épouse et Barry Long, un maître spirituel de l’Occident, des rencontres essentielles qui changèrent le cours de ma vie. Barry, d’abord, pour m’avoir ramené « sur Terre » et dans le corps, m’apprenant à souffrir utilement et intelligemment en cessant de fuir et de lutter contre ce que je n’acceptais pas en moi-même (et de moi-même). Ma compagne ensuite pour avoir partagé cet enseignement et l’avoir mis en pratique au quotidien, dans notre couple, en exposant et en examinant toutes les ombres susceptibles d’occulter ou d’entamer l’amour que nous n’avons jamais cessé d’éprouver l’un pour l’autre.

À l’image d’une vitre recouverte de nombreux films opaques, il m’a fallu du temps pour me détacher des illusions et des identifications qui obscurcissaient la perception claire et directe de ma vraie nature, de cette « qualité d’être » qui n’avait jamais cessé de me « hanter ». J’ai compris alors que le corps était la porte d’entrée et qu’il était indispensable de déjouer mes résistances pour SENTIR et accueillir tout ce que ma vie intérieure livrait à ma perception. Cette nouvelle disposition m’engagea dans une dynamique particulièrement exigeante, décrite, pas à pas, dans un livre intitulé : « l’Aventure intérieure ».

Dans ce qu’il y a lieu de décrire comme une « première phase », j’ai appris à identifier et à comprendre le fonctionnement de mes résistances (l’ego). J’ai pris conscience des manœuvres me permettant d’éviter toute confrontation avec la peur et la douleur, jusqu’à ce que je sois en mesure de lâcher prise et d’accueillir ce qui remontait à la surface de ma perception. Les blessures du passé se sont ainsi délogées de ma chair, affranchies de mes luttes et de mes esquives, pour être consciemment accueillies dans mon ressenti et finalement acceptées. C’est à ce moment que j’ai réalisé à quel point elles avaient entravée et gâché ma vie, et surtout combien j’avais souffert de les avoir gardées en moi aussi longtemps !

La deuxième étape fut marquée par l’entrée dans le vide de moi-même, au cœur d’une  « déficience d’âme » qu’il m’a fallu traverser comme un désert. Au fur et à mesure de ma progression, des couches de peine plus subtiles et plus profondes ont émergé, dévoilant des aspects oubliés et parfois très anciens de mon histoire personnelle. La personne que je pensais être commença alors à se vider de ses contenus et à imploser, ouvrant une brèche à un feu invisible, de nature psychique, mais néanmoins clairement perceptible dans mon corps, et particulièrement irritant pour les pans de mon identité qu’il faisait fondre comme neige au soleil.

Au cours de la troisième phase, les « attaques » de ce feu intérieur se sont intensifiées, réduisant considérablement l’iceberg que j’avais considéré comme mon « moi » solide et irréductible. Après avoir traversé toute l’épaisseur psychique de la personne (l’enfer en moi), je me suis approché de la douleur fondamentale autour de laquelle le soi émotionnel s’était construit et cristallisé. Extrêmement bien protégé par l’ego, acharné à lancer dans la bataille ses meilleures forces, le noyau de peine a finalement cédé sous les assauts de la puissante énergie de la vraie nature et libérant la lie de ma condition humaine.

Il restait encore un dernier obstacle à la réalisation de l’état naturel : la dissolution de ma volonté personnelle ; une phase des plus exigeantes lors de laquelle mes bras de levier cédèrent le pas à une Intelligence Supérieure. Je fus contraint à m’en remettre à plus grand que moi, à travers des effondrements intérieurs déchirants dans lesquels s’engouffrait la puissante énergie de l’être. C’était le moment de la rupture définitive avec la sensation de moi-même, celle qui m’avait accompagné durant des décennies et que j’avais considérée à tort comme ma vraie nature.

La dissolution de ma volonté personnelle acheva de m’extraire du camp retranché du moi et me remis entre les mains d’une Puissance de vie inconcevable. La réalité d’être, affranchie des « enveloppes » qui l’entouraient révéla alors son immensité, sa simplicité et sa profondeur. Dépouillé de ma fausse identité et des filins invisibles qui m’attachaient au corps, aux pensées et aux émotions, je pris alors conscience de ma vraie nature comme un poisson prend conscience de l’eau dans laquelle il nage. Mais contrairement à ce dernier, ma vraie nature n’a jamais été un objet extérieur à moi-même mais l’essence même de ce que je suis et que je n’ai jamais cessé d’être.

Les verrous levés, l’évidence d’être livra enfin le secret d’une conscience reconduite à elle-même. À l’image d’une rivière se jetant dans l’océan, le « je » s’est finalement offert et uni au « suis » révélant dans son effacement la  complétude qu’il avait toujours recherchée.

Darpan « l’Aventure intérieure », se libérer de la souffrance et réaliser sa vraie nature. (Editions du nouvel Homme, 2010)


http://www.meditationfrance.com/archive/2012/1201.htm

dimanche 2 février 2014

Maria Saboya


Pour Maria Saboya, l’éveil décisif remonte à sa plus tendre enfance. Plus tard, vers l’âge de 16 ans, elle découvre son amour pour la musique et commence sa recherche spirituelle qui lui fera prendre connaissance des grandes religions mais aussi des enseignements de Ramakrishna, Sainte Thérèse d’Avila, Krishnamurti autant que de la pensée de C.G. Jung.

Je me suis éveillée à l’âge de 5 ans. Ce fut à la suite d’un épisode de ma vie, d’apparence tout à fait banale mais qui, chez moi, déclencha une terrible secousse.

Ma grand-mère était une artiste peintre distinguée qui s’intéressa particulièrement à mon éducation artistique. C’est elle qui me guida vers la musique et c’est encore elle qui me poussa à faire un dessin et à l’envoyer au Concours Walt Disney. Quelques mois plus tard, j’appris que j’avais été reçue première pour mon dessin qui, apparemment, était extraordinaire et révélait une grande maturité.

Dans le petit monde de mon enfance, je crois que je n’avais pas encore pris conscience d’exister. Je vivais, tout simplement, dans ma réalité enfantine. Un jour, ma mère m’a endimanchée et accompagnée à la rédaction d’un journal important de Rio, ma ville natale. C’était pour recevoir mon prix et les compliments des organisateurs.

Une fois arrivées au journal, nous avons été entraînées dans une espèce de tourbillon. On me questionna, on me fit des compliments, on vint me regarder de près, on m’assaillit de partout.

Le lendemain, je vis ma propre photo dans les journaux et mon nom imprimé en grand sur la première page. Le soir on fit une grande fête à la maison pour célébrer mon succès. Il y eut beaucoup d’amis et de gens de la famille. On mangea, on but, on rit bruyamment.

A un certain moment, j’ai eu un intense désir de sortir, de m’évader de tout cela. Je suis allée au jardin. La nuit était déjà tombée, et des étoiles très brillantes scintillaient dans la profondeur de ce ciel tropical. Le silence extérieur m’a enveloppée de calme et m’a apaisée. Je me suis assise dans un coin ombrageux et me suis laissée aller dans la contemplation des étoiles. La beauté de la nuit était immesurable et je me suis perdue dans sa contemplation.

Plus tard, de retour à la maison, le fait de me sentir étrangère à tout ce qui se passait dans la maison m’a choquée. Je regardais mes propres parents comme des étrangers, des inconnus.

Ce choc m’a fait découvrir la différence entre le faux et le réel, puisque l’exagération du sensationnalisme journalistique était si criante, si aberrante, que ma sensibilité enfantine n’avait pu manquer de s’en rendre compte.

L’enfance se berce dans l’innocence du réel.

En même temps, je découvris une profondeur en moi, un sentiment d’intégrité dont je n’avais pas conscience auparavant. J’ai eu l’impression que mon être entier criait « Non ! » à ce tourbillon des voix qu s’étaient élevées pour fêter nuisiblement, avec une joie démesurée et absurde, mon premier prix de dessin. Pourquoi fêter tellement un petit dessin ? Tout cela me laissait voir l’irrationalité d’une société que je venais juste de découvrir. Mon esprit a été profondément marqué par cette expérience qui m’a façonnée.

Maria Saboya, L’art de vivre en entier, Les Deux Océans, 1999, pp. 9-10.


http://www.revue3emillenaire.com/temoins-deveil/item/165-maria-saboya-l%E2%80%99innocence-du-r%C3%A9el.html





La différentiation crée l'illusion du moi séparé qui se croit unique, le fruit exclusif de son histoire. Cette illusion conditionne la conscience donnant naissance à la pluralité et au conflit.La conscience unifiée, c'est-à-dire la conscience de l'« un » non différencié, ne se laisse pas attraper dans les limites du moi séparé et des illusions d'un temps présent unique. C'est la conscience conditionnée du moi séparé qui croit à la souveraineté du temps présent unique : c'est elle qui crée l'avenir et se laisse cloisonner derrière les murs de sa propre limitation. Cette conscience crée la confusion tout en croyant qu'elle possède la Vérité.
La conscience unifiée est la seule qui peut comprendre absolument la réalité. La conscience qui s'est unifiée intérieurement est aussi unifiée extérieurement. Elle n'est plus, donc, dans un état de conflit. D'autre part, l'unification intérieure donne naissance à une réelle indépendance ; elle représente le début de l'existence individuelle authentique, puisque libérée de toute influence.Cette unification se fait de soi, sans l'intervention de la volonté consciente. Son arrivée à l'existence est la conséquence directe de la compréhension claire et nette de l'unité de la vie.
La conscience de « l'un » c'est l'union parfaite dans la séparation, c'est l'union parfaite dans la différenciation, c'est la vraie entente. On peut l'appeler « amour » si on veut, puisque c'est le partage intérieur de la vision de la réalité au même niveau et avec la même intensité.On peut l'exprimer de cette manière : « Je suis toi et tu es moi, et pourtant, j'ai ma propre conscience et toi la tienne ». Le « un » s'est multiplié tout en restant « un », soi-même, toujours.

Le moi est une particule de la vie, un fragment de la totalité qui se considère comme le centre de l'existence. Il est fragment de temps qui se confond avec la totalité de l'existence. Cette question est de la plus grande importance, car sa réponse peut nous conduire vers la libération. Elle peut promouvoir l'éclosion de l'ouverture par laquelle on peut, enfin, entrer en contact avec une réalité non temporelle.

Continuons donc cet examen. L'esprit du fragment X (le « moi » si l'on veut), qui s'est constitué comme centre de l'existence et qui s'est identifié à ce fragment dans le temps et dans l'espace, a peur de disparaître. Il croit que la fin du fragment correspond à la fin de la vie, à sa propre mort. Comme personne ne veut mourir, son investigation est bloquée et se termine là. Il choisit de s'attacher à une croyance extérieure à lui et sa recherche est archivée. Il s'arrête avant d'arriver au but.

Cependant, la fin du fragment n'est que la fin d'une image. L'esprit voit l'image du corps, s'identifie avec cette image unique, avec l'histoire particulière de cette image dans le temps et dans l'espace et croit vraiment qu'il est l'image qu'il s'est fait de lui-même.
Dominé par cette croyance, le seul moyen pour lui de se libérer de la prison dans laquelle il s'est enfermé, sera par le démantèlement des murs de sa cellule. Le fragment de vie centralisé autour de lui-même s'est constitué prisonnier. Il lui reste, donc, à sortir de cette enclave. Mais cette œuvre monumentale n'est pas facile puisqu'elle demande énormément de courage et l'application totale de l'être jour après jour.
 

Extraits de « L'Art de vivre en entier » - Maria Saboya 

 http://ophoemon.blogspot.fr/2009/01/morceaux-choisis-maria-saboya.html

lundi 6 janvier 2014

Anthony De Mello


 Extrait de « Comme un chant d’oiseau »

Lorsqu'il eut atteint à l'illumination, le maître de zen rédigea les lignes suivantes, pour célébrer l’événement: « Ô merveille inimaginable: je fends du bois ! Je tire de l'eau du puits! »

Pour le commun des mortels, il n'y a pas de quoi s'émerveiller devant des activités aussi prosaïques que celles de tirer de l'eau d'un puits ou de fendre du bois. Après l'illumination, rien ne change vraiment ; toute chose demeure la même : seul notre cœur déborde désormais d'émerveillement.


L'arbre est encore un arbre ; les gens sont exactement ce qu'ils étaient auparavant; et vous aussi ; et la vie se continue sans changement.
Vous pouvez être d'humeur aussi changeante ou aussi égale qu'auparavant, vous trouver aussi sage ou aussi fou qu'auparavant.
A une importante différence près : maintenant vous percevez toutes ces choses d'un œil différent. Vous en êtes plus détaché. Et votre cœur déborde d'émerveillement.


Voilà l'essence de la contemplation : le sens de l'émerveillement.


La contemplation diffère de l'extase en ce que l'extase mène au retrait. Le contemplatif qui a reçu l'illumination continue de fendre du bois et de tirer de l'eau du puits. La contemplation diffère de la perception de la beauté en ce que la perception de la beauté (une peinture ou un coucher de soleil) engendre un plaisir esthétique, tandis que la contemplation engendre l'émerveillement - quel que soit l'objet qu'elle observe, coucher de soleil ou pierre.



C'est la prérogative de l'enfant, qui se trouve si souvent en état d'émerveillement. Aussi se sent-il naturellement à l'aise dans le royaume des cieux.



dimanche 5 janvier 2014

Gopi Khrisna


Ci-après l'expérience  d'un homme confronté à la Kundalinî, et dont la vie ne sera plus jamais la même.

Un jour, lors d'une séance de méditation comme une autre, ce fonctionnaire de trente-quatre ans entrevoit un secret millénaire : des perceptions au-delà du connu, une vision transcendantale du réel qui le bouleversent. Mais après la Kundalinî, l'illumination, que faire ? Cette énergie à la fois vitale et destructrice le mènera aux frontières de la démence. Car il faut transformer une découverte, l'intégrer.


L'expérience de maître Gopi Krishna:


" Bien que cette expérience soit inexprimable, on peut en tracer un lointain portrait en la décrivant comme la plus haute perfection de grâce, de beauté, de grandeur, d'harmonie, de paix, d'amour, de ravissement, d'émerveillement et de bonheur, le tout combiné à un tel degré que l'esprit pourrait défaillir sous l'impact prodigieux de l'extase. " Un pouvoir incroyable se précipita à travers ma colonne vertébrale jusqu'au sommet de ma tête... (...) Sous le coup de cette énergie, j'avais l'impression que ma tête allait exploser.En montant de mon coeur au sommet de ma tête, la kundalini devint un blanc brillant et quitta mon corps par le sommet de ma tête. Je m'élevais avec elle dans une dimension beaucoup plus haute...

(...) J'entendis une voix m'appeler. Elle retentissait comme un écho dans une vallée. J'étais rempli d'extase... J'étais tout simplement envahi par un calme paradisiaque... Je me trouvai dans un état de conscience élargie et approfondie ; une conscience d'une dimension plus haute à laquelle on se réfère quelquefois en parlant de supra-conscience. Quand on est dans cet état, on peut voir en même temps le passé, le présent et le futur.

(...) Graduellement, je perdis la sensation de mon corps mais ma conscience, ma super conscience, restait vigilante... J'entendais aussi une voix puissante, mais très tendre résonner à travers l'univers. À son écoute, je réalisai spontanément ma mission, mes vies précédentes, mon état spirituel personnel et beaucoup d'autres choses. Puis je fis l'expérience d'un état vraiment indescriptible qui plongea tout mon être spirituel dans une sérénité extraordinaire. Après quelque temps, j'ai senti qu'il fallait absolument que je revienne au monde physique.."
 Extrait du livre de Gopi Krishna: Kundalini-autobiographie d'un éveil (1970), trad., J'ai lu, coll. "L'aventure secrète", 2002.

Gopi Krishna explique aussi que la vie de celui qui a connu un éveil de kundalini est complètement transformée. Cet être éclairé possède désormais une foi résolue dans l'existence d'une conscience supérieure et dans une forme de vie au-delà de notre réalité ordinaire qui le conduiront progressivement à une plus grande sagesse. Il y adaptera son mode de vie, rejetant en premier lieu les conduites égoïstes au profit d'un altruisme compatissant.


http://www.outre-vie.com/contacter/inconscient/kundalininde.htm

Sur le site éveilimpersonnel :

 Une autre biographie qui nous parle d’un éveil spontané du Kundalini est celle de GOPI KRISHNA, professeur et administrateur au Cachemire. Lorsqu'il était enfant , Gopi Krishna a eu diverses expériences psychiques. Cependant il est devenu agnostique, bien qu’il ait pratiqué avec conséquence la méditation pendant plusieurs années. Il n’a eu aucune expérience mystique jusqu’en 1937, lorsque à l’âge de 34 ans il a expérimenté un éveil spontané de la Kundalini, qui a transformé radicalement sa vie. A partir de ce moment sa conscience est restée en permanence éveillée comme un champs lumineux, croissant et décroissant de façon mystérieuse. Ensuite, en 1943, il a vécu une puissante expérience Kundalini qui l’a conduit à Samadhi. Il a décrit cet état ainsi: “J’ai distinctement senti une incomparable sensation de béatitude dans tous les nerfs, se déplaçant du bout des doigts des mains et des jambes et des autres parties du tronc vers la colonne, où, concentrée et intensifiée, elle est monté jusque dans la région supérieure du cerveau, faisant ainsi que je sente encore mieux le torrent béatifique et frénétique d’une extrêmement rare sécrétion nerveuse radiante. En absence d’une dénomination adéquate, je l’ai appelé nectar ...”.

Cette sensation ineffable disparaissait lorsqu’il concentrait son attention sur elle, mais elle continuait de couler avec plus d’intensité lorsqu’il l’ignorait. Par surprise, il avait senti un flux de lumière, liquide comme une cascade, entrant dans le cerveau par le canal épinier. Le corps commençait à trembler et était entouré d’un halo de lumière. Il devenait un avec le milieu environnant et se sentait comblé par l’extase.

Ces expériences ont été suivies par de sentiments de terreur, de faiblesse, et d’indifférence face aux autres. Il sentait un goût amèr dans la bouche, la gorge était sèche, brûlée et il sentait fréquemment son corps comme étant percé de nombreux aiguilles incandescentes. L’insomnie le torturait. Dans l’obscurité il distinguait une lumière rouge l’entourant. De temps en temps il supportait de douleurs intenses du dos. Il avait l’impression que Kundalini opérait de façon erronée et qu’il pourrait mourir. Une fois que le processus Kundalini s’est éveillé en lui, Gopi Krishna a été complètement à sa discrétion. Des années lui ont été nécessaires afin d’arriver à l’état d’équilibre physique et calme intérieur. Une fois Kundalini stabilisée, Gopi Krishna avait obtenu des extraordinaires dons mentaux qu’il a perfectionnés graduellement, créativité mentale et calme parfait.


http://eveilimpersonnel.blogspot.fr/2007/09/veil-et-lnergie-kundalini.html