Ancien directeur d’une banque indienne, Ramesh S. Balsekar (1917-2009) fut le disciple du célèbre maître spirituel de BombayNisargadatta Maharaj , dont il traduisit la plupart des entretiens. Homme de culture, il montre une égale familiarité pour les classiques de la pensée hindouiste, bouddhiste, taoïste, chrétienne ou soufi, comme pour le paradigme de la mécanique quantique et les avancées de la science contemporaine. Source du texte : 3e Millénaire
Bibliographie (en français) : - Quand survient l'illumination, entretiens avec Ramesh Balsekar, 1998 - Laisser la vie être, Éditions du Relié, Paris, 2002. - Tout est conscience, Éditions Accarias-L'Originel, 2002. - Dans la gueule du tigre, 2002. - L'appel de l'Être, Éditions du Relié, 493 pages. Essai Poche, 2007 - Entretiens sur l'illumination avec Ramesh Balsekar, 2003 - Les Orients de l'être, Essai Poche, 2005 - Conscience à conscience, Éditions Accarias-L'Originel, 2009 - Conseils de Ramana Maharshi pour la réalisation spirituelle, recueillis et annotés par Ramesh S. Balsekar. Ed. Almora, 2011.
Il y a un jour de l’année que l’on appelle le Jour de Divali, la fête de la lumière, qui est célébré dans toute l’Inde. Cette fête de la lumière est censée signifier la victoire du vrai sur le faux, du bien sur le mal, la victoire de Rama sur Ravana.
En règle générale, chez Maharaj, c’était le jour où l’on nettoyait sa maison, une sorte de grand nettoyage de printemps, il n’y avait pas d’entretien ce jour-là. Il en a été ainsi en 1978, l’année où j’ai commencé à aller écouter Maharaj. L’année suivante, la veille de Divali, quand on annonça qu’il n’y aurait pas d’entretien le lendemain, l’un de mes camarades proposa, si Maharaj en était d’accord que l’entretien se déroule chez lui. Il habitait à deux pas de chez Maharaj et la plupart des auditeurs connaissaient sa maison. C’est ainsi que le lendemain, l’entretien eut lieu chez ce camarade, qui se trouvait être l’un des traducteurs de Maharaj. Comme il devait s’occuper de recevoir les personnes qui se présentaient, il me demanda si je ne voulais pas le remplacer. J’acceptai.
A l’instant même où Maharaj commença à parler, il se produisit quelque chose de très particulier. Sa voix semblait me parvenir de loin, mais elle était très, très claire. En fait plus nette que d’habitude. Maharaj avait perdu toutes ses dents, et il me fallait toujours un certain temps pour m’habituer à son élocution. Mais ce matin-là, sa voix semblait venir de loin, et pourtant elle était bien plus distincte qu’elle ne l’avait jamais été, ne me demandant absolument aucune concentration. Puis je m’aperçus que la traduction venait si spontanément qu’en fait, il n’y avait aucune traduction de ma part, je n’étais que le témoin de cette traduction qui avait lieu. C’était comme si Maharaj traduisait en anglais, et que j’étais juste assis là, en simple spectateur.
A la fin de l’entretien, je me sentis tout à coup très mal. Je ne savais pas ce qu’il se passait et le corps avait exprimé une réaction, pour la simple raison qu’il n’était pas habitué à cette expérience. Un peu plus tard, mon camarade me dit : « Ramesh, tu avais une forme éblouissante aujourd’hui !
— Ah ! oui ? Vraiment ?
— Tu parlais plus fort qu’à l’accoutumée, avec autorité, et tu faisais des gestes que je ne t’avais encore jamais vu faire. »
Je me suis contenté d’enregistrer ses propos. Ceux-ci confirmaient que quelque chose s’était produit. Mais ce quelque chose qui s’était produit, était un changement intérieur complet, un changement total. Extérieurement, je ne pouvais percevoir qu’une seule différence : mon corps ressentait comme une absence de poids. C’était une sensation très particulière. Je ne pouvais pas lui donner de nom et je pense que cela a pu être observer pendant un jour ou deux avant de s’estomper. Mais si vous me demandez comment et quand c’est arrivé, voilà comment et quand c’est arrivé. Comme je vous l’ai déjà dit, cela a été un événement très calme – soudain, bien sûr, on ne saurait imaginer plus soudain… totalement inattendu… totalement spontané. (...)
Je crois que la meilleure explication de la valeur des concepts est celle qu’en a donné Ramana Maharshi : un concept n’est utile que tant que vous l’utilisez comme vous le feriez d’une épine pour extraire une autre épine enfoncée dans votre pied. Quand vous avez retirée l’épine de votre pied, vous jetez les deux épines. Voilà tout ce à quoi un concept est bon : expulser un autre concept qui fait obstruction.
Quand survient la vraie compréhension, on jette ces mots et ces concepts. Si vous vous accrochez à eux, ces mots et ces concepts deviennent comme un cancer. Ils vous rongent les entrailles.
Nous sommes donc censé extraire ce que vous dites, sans nous accrocher aux détails ?
Absolument ! Très souvent les gens qui viennent me voir à Bombay me disent au moment de partir, après une heure ou deux d’entretien : « j’ai compris, j’ai vraiment compris. Et une fois que je serai loin d’ici, que dois-je faire ? Voici ma réponse : « C’est très simple. Ne pensez plus à ce que vous avez entendu ici. Surtout ne pensez pas à ce que vous pensée avoir compris. Et alors cette compréhension aura une chance de fleurir.. (...)
Le jnanin est-il vertueux?
La vertu est le vivre non conscient de lui-même, le vivre du sage, sa totale spontanéité à traiter les questions sociales et pratiques. Voici ce que dit Lao-tseu à ce propos : La vertu suprême n'est pas délibérément vertueuse, et ainsi est-ce de la vertu. La vertu mineure pense sans cesse à être vertueuse, et ainsi ce n'est pas de la vertu. La vertu suprême est sans effort, mais rien n'est laissé inachevé. La vertu mineure agit en force, mais n'accomplit rien.
L'homme ordinaire veut être vertueux, il être reconnu comme quelqu'un de vertueux. Lao-tseu dirait que cela n'est pas de la vertu. L'homme naturellement vertueux vaque à ses occupations, et les choses qui se produisent par non intermédiaire sont vertueuses car il n'existe aucune intention personnelle. Il ne veut rien de personnel, de personne. La vie courageuses, naturelle, repose sur un sentiment inhérent, alors que la vertu artificielle s'appuie sur l'adhésion à certaines règles de conduites. Cette adhésion artificielle aux règles s'accompagne inéluctablement de la peur et de la culpabilité de mal interpréter telle ou telle circonstance. La vertu et le naturel sans prétention du sage passent souvent inaperçus - ils sont tellement ordinaires...
Peut être est-ce parc qu'il y a là une sorte d'anonymat spirituel, qui fonction e comme la coloration naturelle et fortuite d'un oiseau ou d'un animal. Voici une autre citation de Lao-tseu: "la plus grande perfection semble imparfaite, pourtant elle ne s'altèrera jamais. La plus grande plénitude semble vide, pourtant elle est inépuisable. La plus grande rectitude semble perverse. La plus grande dextérité semble gauche. La plus grande éloquence semble un bégaiement".
La vertu et le naturel sans prétention du sage ne sont pas un effacement de soi délibéré, ni un châtiment masochiste que l'on s'inflige. Ce ne sont pas non plus une humilité feinte en présence de quelque chose qui nous dépasse. Au travail, il est étonnant de voir combien un homme peut se montrer humble devant ses supérieur, et arrogant face à ses subordonnés. L'humilité est souvent comme un manteau, tour à tour porté et enlevé. Dans le cas du vivre simple, spontané, l'humilité fait partie de cette façon de vivre. L'homme véritablement vertueux n' a pas à se demander s'il doit se montrer humble ou non. Cela ressemble davantage au sens pratique naturel du chat .
Le sage a pleine conscience des artifices du monde des hommes.
Extrait de L’Appel de l’Être. Site officiel : Ramesh Balsekar
Jean Klein est sans doute l'un des sages qui parlent le mieux de la Non-Dualité. Tout est condensé là : dans ces quelques lignes extraites de la Conscience et le Monde
Voilà résumé l'essentiel de l'enseignement en quelques pages :
Celui qui brûle de connaître sa vraie nature doit d'abord comprendre qu'il s'identifie par erreur aux objets : «je suis ceci», «je suis cela». Toute identification, tout état, est transitoire, par conséquent sans réalité. Identifier le «je » à ceci ou cela est la racine de l'ignorance. Demandez-vous ce qui est permanent au cours de toutes les phases de la vie. Vous découvrirez que la question : «qui suis-je?» n'a pas de réponse. Vous ne pouvez pas expérimenter ce qui est permanent dans une relation sujet/objet comme quelque chose de perceptible. Vous pouvez seulement formuler et expliquer ce que vous n'êtes pas. La continuité que fondamentalement vous êtes ne peut se traduire en mots ou se rationaliser. Être est non-duel, absolue présence sans éclipse, quelles que soient les circonstances.
Si nous considérons le connaisseur indépendamment du connu, il se révèle comme pur témoin. Quand connaissance et connaisseur ne font qu'un, il n'y a plus de place pour un témoin. Toute imagination est irréelle, car basée sur la mémoire. Mais tout ce qui n'est pas anticipé, tout ce qui est inopiné, qui provoque la surprise, l'étonnement, provient de la réalité vivante. La recherche du plaisir naît de la souffrance, de la mémoire. Accueillez la vie comme elle se présente, ne mettez pas l'accent sur le monde mais changez votre attitude à son égard. Votre conception du monde, de la société, a sa source dans la croyance que vous êtes un ego séparé. Soyez votre totalité et le monde changera. Le monde n'est pas autre chose que vous. Le monde est en vous, la société commence avec VOUS.
Vous dites que nous ne devrions pas commencer par tenter de changer le monde mais notre attitude à son égard. Quand vous dites que l'existence est le film mais que nous ne sommes pas le film, entendez-vous par là que nous sommes la lumière qui éclaire le film? Oui. Vous ne pouvez changer le film parce que tous les efforts pour le modifier relèvent du film.
Vous identifier à votre corps et à votre personnalité vous bride, vous rend dépendant. Nos perceptions sensorielles reposent sur les constructions de la mémoire et impliquent un connaisseur. Nous devons étroitement examiner la nature du connaisseur. Cela requiert toute notre attention, tout notre amour. Ainsi vous découvrirez ce que réellement vous êtes. C'est l'unique sadhana. Se résorber dans la conscience de sa vraie nature est liberté. Notre vraie nature prend tout en charge.
Les images naissent et meurent dans le miroir de la conscience, et la mémoire crée l'illusion d'une continuité. La mémoire n'est qu'un mode de pensée, elle est purement transitoire. C'est sur ce fondement instable que nous construisons tout un monde de situations. Cette illusion fait obstacle à la claire vision.
Lutter pour nous améliorer ou pour progresser ne fait que rajouter à la confusion. Les apparences extérieures peuvent nous induire à croire que nous avons atteint un état de stabilité, que des changements ont survenu, que nous progressons et que nous sommes au seuil de la grâce. En fait, rien n'a changé. Nous n'avons fait que changer les meubles de place. Toute cette activité se déroule dans l'esprit, c'est le roman de notre imagination.
Tout est beaucoup plus simple que cela. Pourquoi faire si compliqué? Ce que vous êtes fondamentalement est toujours là, dans sa globalité. Cela ne nécessite ni purification, ni changement. Pour votre vraie nature, il n'y a pas de ténèbres. Vous ne pouvez découvrir ou devenir la vérité car vous l'êtes. Il n'y a rien à faire pour vous en rapprocher, rien à apprendre. Rendez vous seulement compte que vous essayez constamment de vous éloigner de ce que vous êtes. Cessez de gaspiller votre temps et votre énergie dans des projections. Vivez cet arrêt sans paresse ni passivité, habitez pleinement la fraîcheur que vous trouverez en cessant d'espérer et d'anticiper. C'est aussi votre sadhana.
Il n'y a rien à perfectionner dans la réalité. Elle est perfection. Comment pourriez-vous vous en rapprocher davantage? Il n'y aucun moyen matériel pour l'atteindre.
N'est-ce pas fataliste de dire que nous ne pouvons changer le film?
Dire : fataliste implique que vous vous identifiez au film, que vous vous soumettez à lui. En fait, le film se déroule et vous êtes le spectateur. Être hors de l'écran vous donnera une nouvelle perspective sur ce qu'est réellement le film. A partir de cette vue globale qui n'est plus un point de vue, qui est hors du temps et de l'espace, tout se produit dans une absolue simultanéité. Aussi n'y a-t-il rien à changer.
Pour revenir à ce dont nous parlions auparavant, vous avez dit que le monde change quand la perception que j'ai de lui change. Comment est-ce possible?
Celui qui a atteint sa pleine maturité, qui se connaît sciemment, ne se pliera pas nécessairement aux conventions sociales. Un tel être agira au bon moment, suivant ce que la situation indique, sans que personne ne soit lésé d'une quelconque façon. Si vos actes sont régis par vos désirs, vous n'avez aucune espèce de liberté. Par contre, si vous faites ce que réclame la situation, vous faites ce qui est juste, et vous et votre entourage êtes libres.
Un sage n'a pas la moindre pensée d'être une personne quand il agit, sent ou pense. L'ego est totalement absent. L'ego n'est rien de plus qu'une pensée et deux pensées ne peuvent cohabiter simultanément. Aussi l'identification à l'ego ne peut avoir lieu qu'une fois disparue la pensée rattachée à l'objet. C'est alors seulement que l'ego déclare sienne cette pensée. Ce sens de la propriété : «j'ai vu ceci », «j'ai fait cela », intervient après le fait et n'a rien à voir avec le fait. Une fois que ce mécanisme est clairement perçu, vous comprenez que l'identification que vous aviez précédemment prise pour une réalité n'est qu'une illusion. Vous n'êtes pas le propriétaire de la situation pas plus que vous n'en êtes l'esclave. Votre vraie nature est au delà. Le silence de la conscience n'est pas un état, c'est le continuum où tout état, toute chose apparaît et disparaît. Les mots que nous utilisons dans l'état de veille pour parler de ce non-état sont une expression de cette conscience. Quand nous vivons dans la conscience, tout est expression de cette conscience.
Le monde que vous percevez n'est rien d'autre que leur roman de votre imagination, basé sur la mémoire, la peur, l'angoisse et le désir. Vous vous êtes retranché dans ce monde. Voyez cela sans vous jeter sur des conclusions et vous serez libre. Vous n'avez nul besoin de vous affranchir d'un monde qui n'existe que dans votre imagination.
Ce que vous prenez pour une réalité est simplement un concept surgi de votre mémoire. La mémoire surgit de l'esprit, l'esprit du témoin, le témoin de votre vraie nature. Vous êtes le témoin, le spectateur placé sur la rive et regardant le fleuve couler. Vous ne bougez pas, vous êtes au delà du changement, au delà du temps et de l'espace. Vous ne pouvez percevoir ce qui est permanent parce que vous l'êtes.
N'alimentez pas les concepts dont vous avez fait vos fortifications ou l'image que les gens ont de vous. Ne soyez ni personne ni rien, contentez-vous de rester à l'écart de ce que la société vous demande. Ne jouez pas son jeu. Cela vous établira dans votre autonomie.
L'exemple, si souvent utilisé dans le Vedanta, du serpent et de la corde, d'un côté se réfère au monde et, de l'autre, à la réalité ultime. Le serpent représente le monde des objets où nous rencontrons les personnalités, les pensées, et l'affectivité. La corde symbolise la réalité ultime, le silence de la conscience. Une fois que nous cessons de prendre la. corde pour le serpent, l'idée du serpent disparaît et nous voyons la corde pour ce qu'elle est réellement. Il est parfaitement naturel que l'erreur perde sa substance et se dissipe quand la vérité devient évidente. Étant donné qu'une pensée fait partie intégrante de l'illusion, il lui est impossible de nous révéler la réalité ultime. Le « fait-d'être », la toute présence, qui est la source de toute expérience, est au delà de la dualité expérimentateur/expérimenté. Quand l'accent se trouve sur la conscience et non sur la pensée ou sur la perception, nous entrons progressivement dans une détente profonde, à la fois sur le plan neuro-musculaire et sur le plan mental.
Si nous observons avec détachement l'apparition et la disparition de tous les états que nous expérimentons, nous parvenons bientôt à appréhender que chaque état, chaque perception, chaque pensée sont réabsorbés dans une connaissance informulée, une connaissance qui est l'être. Ce continuum, seule réalité, est là avant que ne commence l'activité. Immergez-vous dans cette tranquillité chaque fois qu'elle se fait sentir.
Vous ne pouvez vous attendre à ce que la réalité surgisse, car elle est toujours là. Les événements apparaissent et disparaissent. N'oubliez jamais le caractère fugitif de toute expérience, c'est tout ce que vous avez à faire et la porte de la grâce s'ouvrira devant vous. Dès que des opinions et des réactions telle que «j'aime, je n'aime pas», interfèrent, vous retombez dans une habitude subjective et vous tissez autour de vous un filet, vous perdez de vue votre vraie nature. Les sentiments de sympathie et d'antipathie vous font tourner le dos à votre vraie nature. Vos concepts de changement, de progrès, en mieux ou en pire, sont fragmentaires et subjectifs. Quand vous regarderez le monde depuis votre totalité, le monde changera en vous. Vous êtes le monde.
Est-ce que l'absence de pensée que j'expérimente dans la méditation est proche de ma vraie nature? Est-ce la tranquillité dont vous parlez ?
Dans ce que l'on nomme ordinairement la méditation, vous cherchez sciemment à vous débarrasser de toute intention et de tout concept. Ainsi vous vous trouvez devant un écran vide de pensées, qu'elles soient objectives ou subjectives. Ces pensées éliminées, d'autres, plus coriaces, apparaissent, vous envahissent sans discrimination, et elles aussi, vous les chassez. Il est vrai qu'au bout d'un certain temps de pratique, l'activité mentale diminue. Cependant, si le chercheur n'est pas guidé par un maître authentique, le vide de l'écran restera toujours un mystère. Le silence de la conscience dont nous parlons est au delà de la présence ou de l'absence des pensées et des mots, au delà de l'action ou de la non-action. Tout surgit de la tranquillité qui est au delà de l'esprit, de la tranquillité qui est au delà de l'effort de s'affranchir des pensées, et tout s'y résorbe. Rien, absolument rien, ne peut affecter cette tranquillité. Le savoir objectif nous parvient par l'instrument organique adéquat, mais le silence de la conscience ne requiert aucun instrument.
Est-ce que les conflits et les guerres sont inhérents à l'être humain ?
Les conflits appartiennent à l'ego, pas à l'être humain. Dans votre vraie nature qui est unité aucun conflit n'est possible. Tension, rivalité, agressivité ne concernent que l'ego. Demandez-vous seulement à quel point vous êtes soumis à vos habitudes, à vos opinions qui sont la source de perpétuels conflits. Observez comment fonctionne votre esprit, observez-le sans idées préconçues. Un moment viendra où vous vous trouverez dans l'observation et non dans l'esprit. Puis, quand toute tension aura disparu, vous vous rendrez compte que vous êtes la lumière qui brille au-delà même de l'observateur. La réalité n'est ni un produit de l'esprit, ni le résultat d'une caravane de pensées, elle est, c'est tout. Vous devez comprendre que vous ne pouvez jamais trouver votre vraie nature dans une perception. La seule méthode que nous pouvons suggérer est d'observer sans analyse la façon dont votre esprit réagit dans les diverses circonstances de la vie quotidienne. Ne modifiez pas votre vie pour coïncider avec un concept. Vivez comme vous le faisiez, pensant et sentant, soyez simplement conscient que ce sont des fonctions. Ainsi vous vous en libérerez spontanément. Ensuite la personnalité que vous pensez être disparaîtra. Il ne restera que le témoin. Au terme, même lui se résorbera dans la connaissance ultime.
Ce qui surgit d'inattendu, d'impromptu, sans cause, libre de tout passé, ce qui surgit sans racines, ce qui ni ne s'épanouit ni ne se flétrit, ce qui est le plus naturel, libre de toute tension, c'est cela votre vraie nature. http://nondualite.free.fr/c_jklein.htm
Eté 1981, j’ai 24 ans. Avec ma compagne, nous sommes en voyage en Inde. Nous commençons à faire des projets d’avenir : avoir un enfant, une maison, etc… Je suis sur la plage, quand soudain, l’horreur. Tout s’écroule violemment : l’accident. En quelques instants, là, ma compagne se noie … Abomination, trou noir, fin du monde. Tout disparait. Le temps s’arrête dans la souffrance totale. Il n’y a plus que le néant. Quatre jours plus tard, on me conduit près d’une dame indienne. Elle ne parle pas anglais, je demeure en silence près d’elle. En sa présence, la souffrance disparait. Mystère, il y a un grand calme en moi. Dès que je la quitte, la souffrance revient. Alors le lendemain, je retourne auprès de cette dame: même sensation absolue de calme. Par un interprète je lui demande : « est-ce que je peux ressentir toujours cette paix ? » En me regardant fixement, elle me répond : « oui ». Une étoile s’éclaira dans ma conscience tétanisée !
C’est absurde de mourir, à 24 ans. Je ne peux pas admettre que cela n’ait aucun sens, que ça ne serve à rien. Sinon il n’y a qu’à se suicider, tout serait plus simple, et pourtant je n’avais pas l’impulsion à le faire. On naît, on meurt. Entre les deux, il y a la souffrance. A quoi bon cette vie ? Je chercherai la paix intérieure et quand je l’aurai trouvé, j’aiderai ceux qui la cherchent. Je le ferai pour toi, ma bien-aimée. C’est ainsi que la Sadhana a commencé.
Ce petit livre n’est pas uniquement un ouvrage présentant les concepts subtils des yogas de l’éveil. Il se veut pédagogique, en faisant « toucher » la sensation d’être tout ou tout au moins de n’être pas uniquement un mental pensant enfermé dans un corps. Tout au long de ce texte, vous trouverez en italique des invitations à pratiquer le rappel de la conscience, pour lâcher la lecture quelques instants et ressentir le moment présent.
Dans l’attention totale à ce présent, la conscience du moi disparaît, même si c’est provisoire. Cela éveille la sensation de l’Unité.
« Entrez profondément dans le silence. Regardez la lumière qui est l’Atma. Alors, par le pouvoir de l’Atma, tout votre être sera illuminé. » Maa
Introduction Il arrive dans la vie, des moments où se concentrent des choix essentiels. Des moments où le feu de notre âme nous rappelle à l’action juste. Il est maintenant ce moment où nous sommes invités, à la faveur d’une mystérieuse conjonction, à quitter le port et reprendre la mer, à partir vers l’inconnu. Il est maintenant ce moment où nous pouvons oser chercher ce que nous sommes en vérité.
Cette aventure est d’autant plus impérative que les formes nouvelles du spirituel restent enfermées dans des recherches de « toujours plus », qui ne sont que le désir d’un super-ego, avec toujours un manque essentiel. Il s’agit de démystifier la quête essentielle. Il s’agit de se libérer de la fascination pour les magies de puissance. Il s’agit de ne plus se laisser hypnotiser par l’appel du merveilleux.
Il s’agit de voir tous ces pièges qui droguent les consciences humaines, maintenant le chercheur spirituel dans un infantilisme sclérosant. Les temps ne sont plus à l’adoration des héros, des demi-dieux, des maîtres, ni à la recherche de quelques secrets cachés, mais à la reconnaissance de notre liberté spirituelle souveraine, à l’aventure libre enfin de la conscience et de la joie. L’éveil à notre liberté essentielle apparaît comme un but de la vie spirituelle. Cet éveil donne le sentiment d’être soudain. Cependant les événements qui y conduisent sont progressifs. Y aurait-il un processus décelable ?
Parfois des événements tragiques comme la mort d’un être cher, une maladie grave, la perte d’une carrière, contribuent à affaiblir la carapace de notre identité. Car finalement, c’est bien par la perte de nos illusions que la vérité apparaît. Cela peut survenir de façon brusque, cela peut survenir de façon progressive. Tout dépend du regard. Pour faciliter la vision d’ensemble de cette proposition, nous allons l’aborder par une expérience personnelle. Un cheminement avec l’Atma yoga, à partir de ma rencontre avec un maître spirituel, rencontre qui se fit justement suite à un effondrement. Puis nous porterons notre attention sur une tradition millénaire, l’Advaita Vedanta, la voie de la Non-dualité. Cette tradition, toujours vivante, et si vaste a tant de choses à nous dire. Enfin nous poserons un regard sur le devenir de notre monde, et notre place dans l’évolution.
Car, après avoir cherché à sortir de la souffrance, après avoir trouvé une plénitude intérieure, se pose cette question : nous, tous ensemble, où allons-nous ? C’est mon cheminement évolutif qui se dévoile, commencé consciemment depuis maintenant 33 ans, après un choc violent avec la vie. S’il peut aider quelques personnes à mieux comprendre là où elles vont, ce livre sera un merveilleux cadeau. Le chemin que je vous invite à découvrir s’appelle l’Atma yoga. Il conduit à l’éveil par la pratique intérieure. Il s’agit d’un chemin traditionnel. Je n’ai jamais été attaché à la tradition, mais avec le recul m’apparait la beauté et la valeur de cette démarche qui consiste pour une personne de se faire accepter par un maître. On demande pour devenir disciple. Cela n’a rien à voir avec le fait de payer un stage d’initiation…
Chemin de diverses pratiques spirituelles qui balisent l’évolution de la conscience Chemin d’accompagnement qui permet de traverser les différentes résistances de l’ego. Chemin solitaire aussi car souvent on se sent seul au milieu du monde.
Avec du recul, ce chemin ne fut pas si difficile, même s’il y a eu des périodes de doutes, de désespoir, de lassitude. Mais impossible de retourner en arrière. Seul le « faire du sur-place » est possible. Il y a eu des décisions fortes à prendre, des choix de vérité difficiles à réaliser. Il y a eu l’isolement et la solitude, et aussi le dépouillement matériel. Mais il y a eu aussi la providence. Et là, une certitude s’installe. « Quand tout va mal, il faut chanter Dieu, il faut chanter Dieu, même sans y croire. Cela agit toujours », m’avait dit une religieuse malicieuse. Et il est toujours venu du secours. Il vient toujours. Je l’ai vécu de nombreuses fois. Un jour, je faisais du stop ; la faim me tenaillait le ventre. Je fouillai dans ma poche à la recherche de quelques sous pour acheter une demi-baguette. Rien. Plus un sou. Dépité et dubitatif quant à ma situation, je commençais à m’inquiéter. Alors pour occuper mon mental, je fredonnais «Mon Seigneur et Mon Dieu, je m’abandonne à Toi»: Quelques instants plus tard un vieux paysan s’arrêta et proposa de m’emmener dans sa 4L. Lorsque je descendis de sa voiture, il me tendis alors un billet de 10 Francs, sans que je ne lui ai dit quoi que ce soit à propos de de ma faim, et de mon dénuement. Qu’est ce qui a poussé ce vieil homme pauvre à me donner de l’argent alors qu’il ne connaissait pas ma situation?
La providence agit. J’en fis plusieurs fois l’expérience. Est-elle réservée à certains élus? Je ne le pense pas, mais ce que je crois c’est que souvent nous ne la voyons pas à l’oeuvre. Alors qu’elle est toujours là!
La providence a une action pédagogique, elle nous tend la main pour nous conduire plus loin. Et ce plus loin, c’est toujours tout autre chose que ce que l’on croit. Souvent, quand on est en chemin spirituel, on souhaiterait passer plus de temps à méditer, avoir moins de contraintes, se trouver dans un lieu plus propice. Mais nous sommes tous exactement là où nous devons être. Si nous devions être en longue retraite, nous y serions, si nous devions vivre en Inde, nous y vivrions. Si tel n’est pas le cas, c’est que la vie nous indique que ce que nous devons apprendre est exactement là où nous sommes, tout au moins pour le moment. J’ai fini par le comprendre, mais j’y ai mis du temps. Parce que l’univers et Dieu sont Un. Ce qui implique qu’il n’y a pas la moindre opposition entre ici et là-bas, entre l’action dans le monde et la contemplation de l’âme . Il faut juste vivre au mieux, d’instant en instant, c’est-à-dire dans un accueil détendu….essayant de rester réceptif à la grâce par une attention bienveillante. Chacun a son chemin. Il est inutile de le comparer avec d’autres. Tous mènent au même but, car il en a qu’un. Mais certains sont très tortueux, d’autres directs... J’ai commencé le chemin avec le Kriya Yoga, je l’ai poursuivi avec le Jnana Yoga. Et cela m’a conduit à l’Atma yoga. La réalisation ultime : tout est Un ne peut s’opérer par le mental, parce que le mental n’est pas l’instrument adéquat pour cela. La Vérité c’est l’Unité. Le reste c’est le chemin, le chemin infiniment varié.
La purification est la partie principale du yoga. Comprenons bien ce mot. Il a été tellement perverti en Inde. La purification concerne les attitudes du mental : l’orgueil, la peur, le bavardage intérieur qui empêche d’entendre l’appel de Dieu. Purification du sens de la dualité conflictuelle qui nous fait naître à la vision de l’Unité, à la vision de la Vérité. C’est un travail qui doit se faire en secret et en silence. C’est en 2004, lors d’une retraite méditative que j’ai pu découvrir ce que je cherchais depuis des années. J’ai réalisé alors ce que décrivent les sages et les mystiques depuis des millénaires. Une conscience Une et éternelle se trouve derrière tous les phénomènes de notre monde. Le « moi » n’est qu’une bulle provisoire, baignant dans une conscience infinie et lumineuse. La quête a cessé, mais pas le chemin. Une autre étape de vie a commencé. D’abord dans le secret du cœur, puis maintenant dans une ouverture au monde. J’ai hésité longtemps à témoigner de ce que je venais de vivre. D’abord je ne rencontrais personne que cela pouvait intéresser. J’étais changé, tout en ayant bien sûr toujours la même personnalité.
Mais maintenant, je savais que j’étais conscience ouverte et illimitée. La paix et la joie habitait en moi, il n’y avait plus de manque, plus de peurs. La personnalité avec ses besoins et insatisfactions s’était effacée. Le monde apparaissait désormais comme un jeu ou une pièce de théâtre ! Il me fallut des années pour réussir à verbaliser tout cela avec justesse. Je me suis rendu compte que cette réalisation n’était pas si rare. Et que ma conscience restait tout de même présente au monde. En ce monde je suis avec ce corps encore quelque temps, alors vais-je garder mon trésor secret ? Ne concerne-t-il que ma personne, alors que nous sommes Un ? Nous sommes tous sur cette planète en chemin d’évolution, pouvons-nous pressentir où il va nous mener ? Peut-être, parce livre, prendrez-vous conscience de ce qui vous anime dans vos choix? Ou peut-être verrez-vous ce qui bloque pour connaitre l’éveil ? Ce désir d’éveil vient-il de l’ego insatisfait, ou est-il le fruit d’un appel intérieur ? Peut-on faire quelque chose pour favoriser l’éveil ? Y a-t-il quelque chose qui est de notre part, pour inviter la Grâce ? Si ce petit livre vous permet d’y voir plus clair, il aura atteint son objectif.