dimanche 2 février 2014

Maria Saboya


Pour Maria Saboya, l’éveil décisif remonte à sa plus tendre enfance. Plus tard, vers l’âge de 16 ans, elle découvre son amour pour la musique et commence sa recherche spirituelle qui lui fera prendre connaissance des grandes religions mais aussi des enseignements de Ramakrishna, Sainte Thérèse d’Avila, Krishnamurti autant que de la pensée de C.G. Jung.

Je me suis éveillée à l’âge de 5 ans. Ce fut à la suite d’un épisode de ma vie, d’apparence tout à fait banale mais qui, chez moi, déclencha une terrible secousse.

Ma grand-mère était une artiste peintre distinguée qui s’intéressa particulièrement à mon éducation artistique. C’est elle qui me guida vers la musique et c’est encore elle qui me poussa à faire un dessin et à l’envoyer au Concours Walt Disney. Quelques mois plus tard, j’appris que j’avais été reçue première pour mon dessin qui, apparemment, était extraordinaire et révélait une grande maturité.

Dans le petit monde de mon enfance, je crois que je n’avais pas encore pris conscience d’exister. Je vivais, tout simplement, dans ma réalité enfantine. Un jour, ma mère m’a endimanchée et accompagnée à la rédaction d’un journal important de Rio, ma ville natale. C’était pour recevoir mon prix et les compliments des organisateurs.

Une fois arrivées au journal, nous avons été entraînées dans une espèce de tourbillon. On me questionna, on me fit des compliments, on vint me regarder de près, on m’assaillit de partout.

Le lendemain, je vis ma propre photo dans les journaux et mon nom imprimé en grand sur la première page. Le soir on fit une grande fête à la maison pour célébrer mon succès. Il y eut beaucoup d’amis et de gens de la famille. On mangea, on but, on rit bruyamment.

A un certain moment, j’ai eu un intense désir de sortir, de m’évader de tout cela. Je suis allée au jardin. La nuit était déjà tombée, et des étoiles très brillantes scintillaient dans la profondeur de ce ciel tropical. Le silence extérieur m’a enveloppée de calme et m’a apaisée. Je me suis assise dans un coin ombrageux et me suis laissée aller dans la contemplation des étoiles. La beauté de la nuit était immesurable et je me suis perdue dans sa contemplation.

Plus tard, de retour à la maison, le fait de me sentir étrangère à tout ce qui se passait dans la maison m’a choquée. Je regardais mes propres parents comme des étrangers, des inconnus.

Ce choc m’a fait découvrir la différence entre le faux et le réel, puisque l’exagération du sensationnalisme journalistique était si criante, si aberrante, que ma sensibilité enfantine n’avait pu manquer de s’en rendre compte.

L’enfance se berce dans l’innocence du réel.

En même temps, je découvris une profondeur en moi, un sentiment d’intégrité dont je n’avais pas conscience auparavant. J’ai eu l’impression que mon être entier criait « Non ! » à ce tourbillon des voix qu s’étaient élevées pour fêter nuisiblement, avec une joie démesurée et absurde, mon premier prix de dessin. Pourquoi fêter tellement un petit dessin ? Tout cela me laissait voir l’irrationalité d’une société que je venais juste de découvrir. Mon esprit a été profondément marqué par cette expérience qui m’a façonnée.

Maria Saboya, L’art de vivre en entier, Les Deux Océans, 1999, pp. 9-10.


http://www.revue3emillenaire.com/temoins-deveil/item/165-maria-saboya-l%E2%80%99innocence-du-r%C3%A9el.html





La différentiation crée l'illusion du moi séparé qui se croit unique, le fruit exclusif de son histoire. Cette illusion conditionne la conscience donnant naissance à la pluralité et au conflit.La conscience unifiée, c'est-à-dire la conscience de l'« un » non différencié, ne se laisse pas attraper dans les limites du moi séparé et des illusions d'un temps présent unique. C'est la conscience conditionnée du moi séparé qui croit à la souveraineté du temps présent unique : c'est elle qui crée l'avenir et se laisse cloisonner derrière les murs de sa propre limitation. Cette conscience crée la confusion tout en croyant qu'elle possède la Vérité.
La conscience unifiée est la seule qui peut comprendre absolument la réalité. La conscience qui s'est unifiée intérieurement est aussi unifiée extérieurement. Elle n'est plus, donc, dans un état de conflit. D'autre part, l'unification intérieure donne naissance à une réelle indépendance ; elle représente le début de l'existence individuelle authentique, puisque libérée de toute influence.Cette unification se fait de soi, sans l'intervention de la volonté consciente. Son arrivée à l'existence est la conséquence directe de la compréhension claire et nette de l'unité de la vie.
La conscience de « l'un » c'est l'union parfaite dans la séparation, c'est l'union parfaite dans la différenciation, c'est la vraie entente. On peut l'appeler « amour » si on veut, puisque c'est le partage intérieur de la vision de la réalité au même niveau et avec la même intensité.On peut l'exprimer de cette manière : « Je suis toi et tu es moi, et pourtant, j'ai ma propre conscience et toi la tienne ». Le « un » s'est multiplié tout en restant « un », soi-même, toujours.

Le moi est une particule de la vie, un fragment de la totalité qui se considère comme le centre de l'existence. Il est fragment de temps qui se confond avec la totalité de l'existence. Cette question est de la plus grande importance, car sa réponse peut nous conduire vers la libération. Elle peut promouvoir l'éclosion de l'ouverture par laquelle on peut, enfin, entrer en contact avec une réalité non temporelle.

Continuons donc cet examen. L'esprit du fragment X (le « moi » si l'on veut), qui s'est constitué comme centre de l'existence et qui s'est identifié à ce fragment dans le temps et dans l'espace, a peur de disparaître. Il croit que la fin du fragment correspond à la fin de la vie, à sa propre mort. Comme personne ne veut mourir, son investigation est bloquée et se termine là. Il choisit de s'attacher à une croyance extérieure à lui et sa recherche est archivée. Il s'arrête avant d'arriver au but.

Cependant, la fin du fragment n'est que la fin d'une image. L'esprit voit l'image du corps, s'identifie avec cette image unique, avec l'histoire particulière de cette image dans le temps et dans l'espace et croit vraiment qu'il est l'image qu'il s'est fait de lui-même.
Dominé par cette croyance, le seul moyen pour lui de se libérer de la prison dans laquelle il s'est enfermé, sera par le démantèlement des murs de sa cellule. Le fragment de vie centralisé autour de lui-même s'est constitué prisonnier. Il lui reste, donc, à sortir de cette enclave. Mais cette œuvre monumentale n'est pas facile puisqu'elle demande énormément de courage et l'application totale de l'être jour après jour.
 

Extraits de « L'Art de vivre en entier » - Maria Saboya 

 http://ophoemon.blogspot.fr/2009/01/morceaux-choisis-maria-saboya.html

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